Scolarité, Dépression et Mylène Farmer

Je vais pas vous mentir, je m’apprête à vous narrer la pire période de ma vie. Mais ce qui est bien, c’est qu’on va tenter de la faire la plus courte possible, car je préfère vous raconter que les trucs cools. J’ai donc fais ma rentrée au collège en 1997, après avoir passé une année de CM2 avec une instit alcoolique, qui était également ma voisine, et qui adorait raconter qu’elle m’avait vue dans mon jardin alors que j’étais absente à l’école (AMBIANCE). Je ne sais pas pour vous, mais pour moi (en tant qu’autiste qui ne supporte pas le changement je vous le rappelle) le passage de la petite école de village au collège a été horrible. En plus un bon collège catho qui t’oblige à faire 1 an de cathé en 6e, j’en avais marre moi des histoires du pote imaginaire, mais bon, à la fin on avait droit à une petite communion avec des cadeaux, alors let’s go.

regardez la joie de vivre sur ce visage

Dès les premières semaines, j’ai fais mes premières crises d’angoisse, de panique, c’était une catastrophe. Petit à petit, je n’ai plus pu dormir seule. Il faut savoir que je n’ai pas pu dormir seule jusqu’à la fin du Lycée. Impossible. Et aujourd’hui c’est quasi l’inverse ! J’avais du mal à me faire des amis, heureusement il y avait avec moi des copains copines de l’école primaire, et j’ai quand même réussi à ne pas m’isoler au collège. Comme d’hab, je ne participais pas du tout en cours, j’essayais de faire le minimum pour avoir la paix, mais j’étais vraiment pas la meilleure de la classe. En plus j’ai eu une prof d’anglais absolument traumatisante, à la limite de la maltraitance, ce qui fait qu’aujourd’hui je suis quasiment bilingue (ah bah quand tu apprends sous la peur, je peux te dire que tu la connais par cœur ta leçon, ton preterit et tes verbes irréguliers).

Ce qui est très drôle, c’est que un des pires cours pour moi était le cours de musique. C’est le comble quand on connait mon amour pour la musique, mais là, chanter du Joe Dassin ça m’enchantait moyen. J’ai quand même eu de superbes années au collège, finalement à part la 6e ça a plutôt été. Sauf l’EPS. Ahhh l’EPS. Mon plus gros traumatisme scolaire. Les seuls sports que j’aimais étaient le ping pong et le saut en hauteur. Ce n’est pas pour autant que j’étais douée, mais j’aimais ça. On se moquait de moi car j’avais peur du ballon, donc tout ce qui était sport de ballon était une source immense d’angoisse. J’ai compris l’an dernier que c’est dû à mon autisme. Les objets en mouvement rapide sont très stressants pour les autistes.

Quelle belle classe de 4e

Bon donc au collège, je ne me souviens pas vraiment de ce que j’écoutais comme musique, je crois que j’étais dans ma période Whitney Houston / Anastacia que j’écoutais en boucle. Je ne me souviens pas non plus être trop sur mon piano, je pense que mon cerveau a surtout occulté beaucoup de cette période finalement. Je crois que c’est vers la fin du collège qu’une amie à moi m’a parlé de son cours de chant, là où je prenais des cours de piano étant petite. J’ai eu envie d’essayer alors j’ai pris quelques cours. Mais clairement je n’y arrivais pas, je me trouvais super nulle même si je commençais à trouver ça cool. J’ai donc arrêté.

Puis est arrivée LA pire année de ma vie (en me relisant je remarque que je vous ai dit que la pire année était 1997. En vrai c’est plutôt la 2e pire année de ma vie). 2001, l’année maudite. Je rentre au lycée, et qui dit changement d’environnement, dit crises d’angoisse, le retour. Accompagnées des pires migraines que j’ai jamais connu, j’ai cru que j’allais mourir pour de vrai cette fois-ci. En décembre, je perds mon grand-père super rapidement, il était malade depuis longtemps mais personne n’avait été mis au courant. C’est la première fois que je perdais quelqu’un de ma famille proche. Un réel traumatisme, mais meilleures funérailles de toute ma vie tellement la famille de ma mère c’est quelque chose. En plus de ça je me retrouve à manger à la cantine au Lycée, d’un côté c’était cool car vous savez combien j’aime la bouffe et que la bas, elle était pas dégueu, mais rester dans l’enceinte du Lycée plus longtemps que de temps chez moi, (en tous cas c’est comme ça que je le ressentais) c’était trop. Je ne sais plus combien j’ai tenu… 6 mois peut-être ? Ensuite mon père qui travaillait dans la même ville venait me chercher et on mangeait comme des charclos dans la voiture. C’était trop bien. J’ai enchaîné les absences cette année là, des fois même je fonçais à l’infirmerie en arrivant directement le matin parce que j’avais tapé ma meilleure crise d’angoisse dans le car. Et figurez-vous que je n’avais pas de téléphone portable à l’époque, je l’ai eu un peu plus tard dans l’année. Donc je faisais descendre ma mère pour qu’elle vienne me chercher, une fois même elle m’a emmenée directement aux urgences tellement j’étais dans un état pitoyable. Et c’est là qu’on a posé mon premier (mauvais) diagnostic d’anxiété généralisée et qu’il fallait que je consulte un psy.

Dans le même temps nous avons décidé de porter plainte, ma sœur et moi pour les agressions que nous avions subi quelques années plus tôt au camping. Donc nous avons enchaîné les auditions à la gendarmerie dans le but d’obtenir un procès. Ce que nous avons eu… 4 ans plus tard après plusieurs conneries de la justice, toi même tu sais.

Cette année là, vraiment, c’était limite risible tellement tout est tombé en même temps. Le décès de mon grand-père, mon père qui se blesse + se prend un début de tuberculose, la plainte, le lycée de l’enfer, non, réellement, quand on dit que « ce qui ne tue pas vous rend plus fort », c’est des bonnes grosses conneries. Ce qui ne vous tue pas VOUS TRAUMATISE ET VOUS ABÎME, point.

Et il me semble que c’est cette année là ou celle d’avant que mon oncle me montre les vidéos des concerts de Mylène. Révélation. Pile ce que j’avais besoin dans la bonne dépression dans laquelle j’étais. Cette fois-ci ses mots me parlaient. L’album Innamoramento qui était sorti il n’y a pas longtemps m’a consolée. C’est indescriptible. Je ne sais plus si j’avais déjà internet, mais ce que je me souviens c’est que pour Mylène, je m’étais abonnée au fameux Club Dial que seuls les vieux de mon âge peuvent connaître. C’était une sorte de fnac par correspondance avec abonnement, en gros tous les mois vous choisissiez des CD ou des VHS à recevoir pour un certain montant, et à l’inscription il me semble qu’on avait droit à 5cd pour vraiment pas cher. J’ai donc commandé 5 CD de Mylène (il me semble : Cendres De Lune, Ainsi-Soit Je, L’autre, Anamorphosée et Live à Bercy) et c’était parti. Ça tournait en boucle dans la chaîne hi-fi et j’avais même le luxe d’avoir un lecteur CD portable. Donc dans mon sac de Lycée j’avais plusieurs CD et le lecteur, ça ne prenait PAS DU TOUT de la place. Ca rendait mes voyages en car beaucoup plus cool et surtout ça m’isolait du monde. Vraiment un régal.

Puis par chance, au lycée j’ai rencontré d’autres gens qui étaient fan de Mylène, c’était trop cool, je reprenais vie. Par la dessus est arrivé internet, je me suis inscrite sur des forums de fans, ceux qui ont connu cette époque s’en souviendront avec toute la tendresse de l’univers. Je suis toujours en contact avec des fans de ces forums encore aujourd’hui ! J’ai vraiment été sauvée par Mylène, je lui dois énormément. J’étais très à fond, j’ai viré les Spice Girls de mon mur pour y mettre Mylène, j’ai commencé à acheter tous les magazines possibles et inimaginables, j’avais des classeurs dans lesquels je recopiais les paroles (je les ai encore!). J’ai même commencé à apprendre comment faire une page web et j’avais fait un petit site sur Mylène (j’avais appelé ça « L’Ange Roux », vraiment la honte)

Puis, justement, une de mes copines fan de Mylène me dit qu’elle va faire un stage de chant bientôt chez sa tante avec un prof qui vient de Grenoble et me demande si je veux venir. Moi, qui n’allais jamais dormir chez les copines car j’en étais incapable, je me laisse tenter et je dis oui. Je n’imaginais pas que ce serait le début d’une passion qui allait, elle aussi, me sauver la vie…