Camping, Humour et Spice Girls

J’ai tellement de choses que j’aimerai vous raconter, et je me rends compte que mon récit risque d’être totalement décousu chronologiquement. On n’est pas à l’abri que je réécrive tout ça plus tard, mais pour le moment on va faire comme ça hein, j’espère que vous arriverez à suivre !

Bon comme je vous l’ai plus ou moins dit, j’habitais pas loin d’un lac. En réalité, j’habitais un lieu de vacances. Vous savez ces villages dont la population explose en été à cause des vacanciers. Bah voilà, l’hiver c’est mort comme jaja, et l’été on est envahis de touristes. De Grenoblois, de Lyonnais, de Hollandais, bref, c’est le bordel. Mon village était au bord d’un lac, le Lac de Paladru. Il a d’ailleurs eu sa petite heure de gloire dans le film « On Connait La Chanson », avec Jean-Pierre Bacri, qui était même venu nous rendre visite à l’époque.

Et donc, vu qu’on habitait un lieu de vacances, pourquoi se casser le dos à partir ailleurs en vacances ? C’est comme ça que mes grands parents ont commencé à poser leur caravane à l’autre bout du lac, à 7km de la maison. Vu que eux habitait dans la ville à 14km, ça leur faisait un dépaysement total, et nous on profitait de l’ambiance camping au bord du lac. On a fréquenté donc ce camping tous les étés pendant 12 ans. Oui, je suis quasiment née là bas, et nous l’avons quitté en 1999, quand mes grands parents ont déménagé dans mon village.

Vous avez certainement vu le film « Camping » avec Franck Dubosc, je peux vous dire que tout est vrai là dedans. Si vous n’avez jamais fait de camping, vous trouverez tout ça très beauf, mais croyez moi, le camping c’est clairement les meilleures années de ma vie. Même si, malheureusement, les dernières années nous avons rencontré une personne malveillante qui aimait un peu trop les enfants et s’est adonné à tes trucs pas très cool dont nous avons été victimes. Je vais pas vous faire un énorme pavé sur mes agressions, mais je vous en parlerais un peu plus tard car l’histoire est allée jusqu’aux assises et a été jugée. Personnellement je suis ok avec cette histoire, je n’ai pas honte d’en parler et c’est même nécessaire, mais je n’ai pas envie qu’elle prenne trop de place dans mon récit. Je ne veux garder du camping que les bons souvenirs car ils sont si nombreux !

Camping en 1988, déjà sur la pétanque

Tout y était, les concours de pétanque, les sanitaires et la vaisselle à la main, les vieux briscards, les apéros, la baignade, les hollandais, vraiment quand j’ai vu le film avec Dubosc, ça m’a rappelé trop de bons souvenirs. Les chiens ne faisant pas des chats, ma mère n’aimait pas rester sans rien faire, et vu que tout le monde se connaissait dans ce camping, elle a cherché comment animer un peu tout ça (rappelez-vous, ma mère a toujours été dans l’animation bénévolement à l’école) et a trouvé une idée fantastique : les jeux olympiques du camping. 2 Jours de zinzin avec des jeux totalement zinzins avec des lots à gagner et le tout se terminant par le spectacle des enfants et une soirée de folie pour les adultes, bien sauce camping.

Les meilleures années de ma vie je vous dis. Les jeux, c’était à base de concours de pétanque, de volley, de courses en sac, bref tout ce qu’on faisait déjà en kermesse version camping. Je vous publierai des photos à l’occasion, y’a de la pépite. Et moi, j’étais complètement dans mon élément sur scène. Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que vers mes 7/8 ans, j’ai pris pour passion l’humour et les imitations. Je ne me souviens absolument pas comment, mais je suis devenue fan d’Elie Kakou. J’avais demandé la VHS de son spectacle et je me souviens l’avoir tellement regardé que je connais encore aujourd’hui les sketchs quasiment par cœur. C’est mon idole ultime.

Puis j’ai commencé à imiter des gens. Je me souviens que j’aimais beaucoup regarder le « Bebête Show » à la télé, peut-être que ça m’a inspirée. J’étais très douée pour imiter le regretté Jean-edern Hallier, avec les mimiques et tout… là on était vraiment dans un délire d’autiste, j’vous jure. Mon autre passion c’était d’imiter Jacques Chirac. Si si ! tellement que justement, lors d’un des spectacles du camping, armée de ma coupe de mec (car je ne supportait pas qu’on me brosse les cheveux donc ma mère a fini par tout couper, trauma numéro 459), j’étais à fond dans le rôle. Quand je vois la photo, je suis bluffée par cette petite fille de même pas 8 ans, complètement investie par son rôle d’imitation d’un homme politique. Malheureusement aujourd’hui, mon imitation de Chirac est vachement moins convaincante…

Plus vrai que nature

L’année suivante, j’avais piqué le manteau de fourrure et une perruque de ma grand-mère, et j’avais refait sur scène le sketch de la lessive d’Elie Kakou. Ce sketch est sur une VHS qui a malheureusement fini au tribunal comme pièce à conviction, c’est la tristesse. Voilà, nous avons fait des spectacles de 94/95 jusqu’en 97, et j’adorais être la chorégraphe en chef. J’ai enfin eu mon heure de gloire au ruban et au cerceau, bref, la scène et moi j’ai vite senti qu’on était inséparables. Donc au final, je suis montée sur scène très tôt, mais jamais pour chanter. C’est venu beaucoup, beaucoup plus tard.

J’ai continué à entretenir ma passion pour l’humour devant des émissions comme « Palace », « La Classe » ou « La télé des Inconnus », ceux qui me connaissent savent qu’une phrase sur 2 est une ref. aux Inconnus, mes maîtres ultimes. Faut dire que dans les années 90, niveau humour on a été garnis… Comme je le disais plus haut, mon truc à moi c’était la télé. Je ne lisais pas. Je ne lis toujours pas. C’est un immense complexe pour moi. Je ne sais pas vraiment l’expliquer, j’adore écrire (comme vous pouvez le voir), j’adore les histoires, mais je n’aime pas lire… pour moi tous ces mots alignés se ressemblent et si y’a pas d’images, mon cerveau autiste n’est pas assez stimulé, car me faire des images mentales est trop fatiguant pour moi. Par contre si c’est une biographie ou un truc qui m’intéresse vraiment vraiment, je fonce. Je garde dans mon cœur certaines lectures de l’école : les Fleurs du Mal ou « La Nuit du Renard » de Mary Higgins Clark, une vraie révélation. Mais c’est vrai que je me sens tellement complexée par le fait de ne pas m’être nourrie de lectures, d’avoir un livre de chevet que j’emmène partout… non moi c’est des chansons, des chanteuses, un sketch… il n’y a pourtant pas à rougir, c’est de la culture, mais je ne sais pas, il y a un truc autour du livre, c’est comme les cinéphiles. Je ne suis pas vraiment cinéphile (peut-être car mes difficultés sensorielles me rendent la salle de cinéma compliquée, et mon trouble de l’attention m’empêche d’apprécier un film de plus de 2h), du moins mes films préférés ne sont pas vraiment du grand cinéma : La Cité de la Peur en tête (j’ai oublié de vous dire que je suis aussi fan des Nuls), le Père Noël est une Ordure, les Bronzés Font du Ski ou encore La Folie des Grandeurs… vous l’aurez compris, l’humour, toujours l’humour, puis bien potache, voir 4e degré. Je dois cependant reconnaître que j’ai quand même été voir 3 fois « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain » au ciné, pas de quoi avoir honte. Mais là encore, je suis complexée de ne pas être touchée par les grandes histoires d’amour, les grandes histoires romanesques, bref, ce genre de films me passe totalement au dessus. Je comprends aujourd’hui que tout cela est sûrement lié à mon autisme, qui me fait voir la vie par un prisme qui m’est propre, ce n’est pas pour cela que je suis incapable de ressentir des émotions, je le fais juste d’une autre manière qu’en lisant ou avec un grand film.

En regardant déjà ces 4 films, vous avez une bonne lecture de ma personnalité, on ne va pas se mentir. Donc voilà, j’étais une petite fille bizarre, mais drôle. Au final je pourrais encore me définir ainsi. L’humour est mon arme, mon bouclier, ma façon à moi de communiquer avec les autres faute de savoir le faire autrement. D’ailleurs vous remarquerez que quand je suis mal à l’aise, je fais des vannes. Et je suis tout le temps mal à l’aise avec les autres, donc ça envoie.

Pour en revenir à la musique, j’ai peu de souvenirs du milieu des années 90, mais je pense être passée directement de Dorothée aux Spice Girls. Mon oncle a bien tenté de continuer à me faire écouter Mylène Farmer, mais pour moi qui n’avais pas 10 ans, elle était un poil trop sulfureuse, je ne me reconnaissais pas en elle ni ses chansons. Par contre, j’adorais la Dance, qui n’a pas aimé la dance dans les années 90 ? qu’il se dénonce ! alors à chaque anniversaire, mon oncle m’offrait des compiles ! vous savez les bons CD « Dance Machine » et compagnie ! la belle époque, vraiment. Puis grâce à mes parents, je me construisais une culture musicale très variée. Plutôt variétoche du côté de ma mère, et plus éclectique du côté de mon père qui adorait jouer de la guitare. J’ai tout eu : ACDC, Queen, The Police, Texas, Deep Purple, Scorpions, et même un peu de Francis Cabrel, nan réellement, mes parents m’ont fait écouter toute la meilleure musique de leur époque. Et malgré tout, j’ai sombré comme toutes les petites filles de mon âge dans le tourbillon, que dis-je, la tornade commerciale des Spice Girls. C’est la première fois que j’ai été autant fan de quelqu’un, en tous cas ici, d’un groupe. Je collectionnais tout ce que je pouvais : magazines, posters, CD, j’avais même les sucettes (si, rappelez vous les sucettes avec les photos!)

Je me souviens que le mur de ma chambre était recouvert de posters, j’avais remplacé tous mes posters de dauphins par ceux des spice girls. J’en avais un qui devait faire plus d’1m de haut ! Evidemment, j’étais aussi une fervente lectrice des magazines de stars de l’époque (ah bah vous voyez que je lisais finalement!), les « Fan 2 Mag », « Ok Podium », « Star Club » (le meilleur avec ses fiches chansons !). Alala, j’ai connu l’époque de la cassette audio, du stress de l’enregistrement lors du passage radio… les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas ce qu’ils ont raté !

J’étais tellement fan que je vais vous raconter un secret aussi mignon que honteux. Si vous avez connu l’émission « Fan 2 » sur M6, vous vous souvenez sûrement qu’ils organisaient des rencontres entre des fans et leurs stars. Il suffisait de leur écrire une lettre. En 1997 ou 1998, je leur ai écris pour leur demander de faire venir le groupe chez moi. En France, dans mon patelin perdu, dans ma maison à la campagne. J’avais écris qu’on pourrait surement les loger dans une petite chambre et que ça serait super cool. Vraiment quand j’y pense j’ai honte, et puis je me souviens que je trouve totalement plausible que Juliette Armanet vienne un jour prendre l’apéro et jouer du piano dans ma petite maison. Ma foi, le rêve c’est gratuit hein.

Cependant, 1997 a été une des pires années de ma vie. Je pense que j’ai quitté l’enfance malgré moi cette année là. Je quittais mon village toute la journée pour entrer au collège dans la ville voisine, prendre le car toute seule très tôt le matin et ne pas rentrer chez moi avant le soir. C’est un des plus grands traumas de toute ma vie.