Bras cassé, piano et hula-hop… KAMOULOX !

En 1990, je me suis cassé le bras à cause de Dorothée. Enfin, pas tout à fait. J’étais fan de Bioman et, une fois, j’ai voulu m’envoler en sortant de la voiture. Sauf que j’ai tapé la tête contre le montant de la portière et je me suis rétamée sur le sol, le bras en angle droit. Je ne sais plus si j’ai fait une double fracture ou une belle fracture de l’humérus, mais c’était pas beau à voir. C’est là que j’ai accueilli mon plus gros trauma encore à ce jour : l’hôpital. Imaginez donc une enfant de 4 ans, autiste qui s’ignore, confrontée brutalement au monde de l’hôpital avec les lumières, les odeurs, et tout ce qui rend l’hôpital bien flippant. Je me suis dans un premier temps retrouvée plâtrée jusqu’en haut du coude droit. Sauf que cette enfant autiste qui s’ignore, elle a aussi un trouble de l’attention qui s’ignore, et sans être spécialement hyperactive, elle adore jouer dehors. C’est donc comme ça que je me suis à nouveau cassé le bras 5 fois (oui 5 fois) dans le plâtre. Pas d’autre choix, il a fallu m’opérer pour me poser une plaque en métal que j’ai gardé plusieurs mois avant de la retirer. Je crois que j’ai du garder mon plâtre en tout pas loin d’une année. Sur le bras droit. Alors que je suis droitière. Une vraie victime je vous dis.

Il a fallu donc que je trouve comment m’occuper avec ce bras encombrant, moi qui vivait pas loin d’un lac et qui passait tous mes étés dans un camping au bord de celui-ci, j’étais naturellement une accro de la baignade. J’ai de fantastiques souvenirs de baignade avec mon bras en l’air dans un sac en plastique, car figurez-vous qu’on avait pas d’autres choix à l’époque. C’est à ce moment là que j’ai découvert le hula-hop, je ne sais absolument pas comment ni pourquoi. Mais j’ai commencé à passer des heures et des heures à le faire tourner autour de ma taille et faire des spectacles dans mon jardin, en bonne autiste que j’étais, à fond dans ma passion. Je sais même aujourd’hui le faire avec plusieurs cerceaux. Encore un talent qui ne paie pas mes factures tiens.

moi, quelques années plus tard toujours avec le cerceau


J’ai très mal vécu mes 2 opérations. Sincèrement, aujourd’hui je refuserai toute opération sauf si ma vie en dépendait, et encore rien que d’y penser, je suis au bord de la crise de panique, donc on va parler d’autre chose hein… Bref, je garde de cet évènement une magnifique et énorme cicatrice sur le bras droit, que je ne remarque même plus tellement pour moi elle a toujours été là, et à chaque fois je sursaute quand on me demande « Eh mais t’as quoi sur le bras? » « HEIN QUOI OÙ ÇA ? ahhhh ça ! ».

En parallèle, comme je vous le disais plus haut, je découvrais l’école et je n’aimais pas ça, mais alors pas du tout. Je n’étais pas (et je ne suis toujours pas) du genre à pleurer toutes les larmes de mon corps, donc j’ai direct intériorisé pas mal de choses, je me renfermais sur moi même et c’est comme ça qu’on m’oubliait dans les chiottes. Par contre il y avait UN truc pour lequel je me réveillais : les spectacles de fin d’année. Alors là, ouais, c’était mon truc. Vraiment, je n’attendais qu’une chose, el famoso kermesse du mois de Juin. Je crois que j’ai compris très rapidement qu’il n’y aurait que comme ça que je pourrais m’exprimer, en étant quelqu’un d’autre, en jouant un rôle, en faisant des trucs chelous sur scène comme être un coquelicot en papier crépon. Décidément, j’étais destinée à être fan de Juliette Armanet déjà. C’est ma mère qui s’occupait des costumes, et je me souviens avoir fait un pataquès de zinzin à 4/5 ans pour avoir le costume violet et jaune de la pensée, car c’était ma fleur préférée (ouais je sais pas ce qu’avaient les instits avec les fleurs, mais c’était une marotte).

je devais avoir 6 ans là dessus.

Comme tous les enfants, j’ai aussi commencé à faire du sport en dehors de l’école, je m’étais prise de passion pour le tennis, (d’ailleurs j’ai toujours ma raquette rose et arc en ciel qui avait coûté une blinde à mes parents) mais j’étais vraiment nulle. Vu que c’était très cher, j’ai dû changer de sport. On va pas se mentir, ma carrière sportive n’a pas été très fructueuse. J’ai testé le karaté, mais quand j’ai appris qu’il fallait se battre contre les autres j’ai fui, la gym : vu que j’étais passionnée de cerceau et plus tard de ruban, j’ai voulu faire de la GRS. Mais ma mère s’est plantée et m’a inscrite en gymnastique classique, je vous raconte pas le trauma (et allez, encore un sur la liste). En tant qu’autiste, j’ai toujours eu des problèmes vestibulaires, mais vu que je ne le savais pas, et bien on me prenait pour une grosse chochotte. Pourtant, c’était horrible pour moi de faire des roulades, des arbres droits, tenir sur une poutre et la goutte de trop a été le 360 à l’envers sur les barres asymétriques. J’ai un souvenir très précis de ce jour là, j’ai cru que j’allais mourir. Je n’ai même pas atteint la première petite compétition et je suis retournée dans mon jardin avec mon ruban décathlon à faire mes spectacles toute seule. J’ai ensuite tenté le poney, mais le poney m’a mordue et j’étais tellement flippé qu’il le sentait, franchement, une vraie mister bean, c’est pas possible une poisse pareille. Et enfin, j’ai découvert le tir à l’arc. Voilà un bon sport d’autiste hpi qui va bien. J’étais douée ! j’ai même fini 2ème à une petite compétition. Malheureusement, je suis entrée en 6e et je n’ai pas pu continuer. Je n’ai plus refait de sport, jusqu’en 2012.


Sauf à l’école, mais ça je vous en parle un peu plus tard tellement le sport au collège et au lycée ont été la pire chose qui ait pu m’arriver dans ma scolarité.

Sinon, à la maison, j’étais toujours en mode créatif. J’avais une grand mère et une mère couturières, et une autre grand mère qui masterisait le crochet et le tricot comme jaja. J’ai donc appris tout ça très jeune et ça m’a passionnée. Comme toutes les petites filles de mon âge, j’avais une ribambelle de Barbies et ma passion était de les habiller. J’ai peu de souvenirs, mais j’ai retrouvé des dessins que j’ai fait de vêtements, de tenues. Je leur bricolait des fringues avec tout ce qui me passait sous les doigts. Jamais rien n’égalera la joie de recevoir une barbie malibu avec son dauphin à Noël sachez le. J’ai aussi commencé à m’intéresser à la magie, comme tous les enfants, qui n’a pas eu son kit à Noël ? Peu concluant, ceci dit. Alors on a commencé à m’offrir des jouets créatifs. J’ai tout eu : le tour de potier, le kit mozaïque, la pâte à modeler (avoue toi aussi t’as sniffé la playdoh), la peinture au numéro et j’en passe, je n’avais que ça à mes anniversaires et mes Noëls.

Puis, une fois, mon oncle m’a offert son vieux synthé yamaha. Et là j’ai découvert un truc fantastique… *Le Piano*. Quelle révélation. Puis je ne sais pas ni pourquoi ni comment, je me suis prise de passion pour la Toccata and Fugue de Jean-Sébastien Bach que mes parents avaient en vinyle. Mon délire c’était de l’écouter en boucle et de refaire la musique sur mon clavier. Et j’y étais plus ou moins arrivée ! c’était bluffant. Ma mère a donc décidé de m’inscrire au piano dans une minuscule école de campagne. Je ne sais pas vraiment combien de temps j’en ai fait, en tous cas assez pour apprendre à lire les partitions basiques. Le prof était complètement bluffé par mon oreille musicale. Moi j’ai encore l’impression que tout le monde aujourd’hui a ce talent, tellement c’est naturel pour moi. J’ai arrêté pour je ne sais quelle raison, je me souviens avoir changé de prof pour faire des cours à domicile, mais c’était pas fou.